Il était une fois....
Je suis née à Orange en Californie le 31 octobre 1982 au petit matin. Une petite demoiselle de 3,4 kilos en parfaite santé et qui faisait le bonheur de ses parents malgré le fait qu’elle était une surprise de la vie. En effet, j’ai deux grands frères plus vieux que moi. Dylan avait 15 ans à ma naissance et Jake 13 ans. Autant le dire, j’étais la petite poupée à la charmante chevelure dorée que l’on protégeait à tout prix. La petite soeur que l’on aime et à qui on ne veut pas qu’il arrive le moindre malheur. J’étais une enfant relativement calme et douce. À l’école, j’avais de très bonnes notes et je restais discrète. Le genre de jeune fille qui ne cherchait pas à se faire des ami(e)s à tout prix. Je me concentrais sur mes études, car je désirais prendre soin des autres.
Je me rappelais encore de cette dernière année de high school alors que je devais envoyer ma candidature dans plusieurs universités. Mes parents me voyaient faire de grandes études pour devenir médecin, mais j’hésitais. J’envoyais tout de même ma candidature dans ce sens à Berkley en Californie. Une grande et prestigieuse une université où j’étais acceptée. J’entrais là-bas avec la boule au ventre. J’habitais dans une résidence étudiante avec une fille que je connaissais à peine qui se nommait Mei Lin. Elle était très gentille et aussi studieuse que moi. Cependant, je me rendais rapidement compte que la médecine, ce n’était pas pour moi. Je voulais être plus près de mes patients. Je laissais donc tomber mes études après une année au grand désespoir de mes parents. Devenir infirmière … Il n’y avait rien de glorieux là-dedans ! J’allais être de nuit durant des années et travailler probablement toute ma vie un week-end sur deux. Je m’en fichais un peu. Je me disais que je devais faire mon propre bonheur en quelque sorte.
Je montais donc dans le train de l’école d’infirmières. Un véritable enfer en soi dont je me suis miraculeusement sortie au bout de cinq ans, car j’avais décidé de faire un cursus en plus après mes trois années d’études principales. Je rêvais de bosser aux urgences et de m’occuper des blessés graves. J’étais totalement à mon aise dans ce monde volcanique. J’étais une sorte de douceur remplie de calme et d’espoir. C’était sans doute pour ça que l’on me proposait le poste d’assistante-infirmière chef du haut de mes 26 ans. La plus jeune à avoir ce poste. Je n’avais pas froid aux yeux et je gérais mon équipe de nuit avec un immense plaisir. Il faut dire que je vivais pratiquement à l’hôpital.
C’était à cette époque que je rencontrais mon premier petit ami sérieux : Jeff. Jeff était un courtier en bourse de 34 ans à l’époque. Il avait de l’argent et un nom. Moi, j’avais mon boulot et un appartement minable au sixième étage d’un vieil immeuble sans ascenseur. Il m’avait vendu du rêve en me disant que j’étais la femme la plus exceptionnelle au monde. Évidemment, ce qui lui plaisait réellement, c’était le fait que je n’étais jamais à notre appartement. Il pouvait faire ce qu’il voulait et quand il le désirait. Je n’avais jamais eu comme plan d’avoir des enfants dans la vie et encore moins de me marier. Alors que j’assistais à plein de mariages et que je regardais les enfants de mes frères grandir, je me demandais si c’était réellement une chose possible dans la vie de dingue que je menais en fait. La surprise fut d’autant plus de taille lorsque Jeff me demandait en mariage le soir du réveillon de Noël devant ma famille. Le genou au sol et mal à l’aise comme jamais, je refusais à la stupéfaction générale. Pourquoi refuser ? Je ne pouvais pas cautionner que j’allais épouser un homme alors que nous n’avions même pas une réelle relation. La fin de notre couple fut quelque chose de terrible. J’assumais pleinement ma décision, mais il restait totalement obsédé. J’ai même dû demander à la police de le faire partir de mon appartement que j’avais repris au final.
Ma vie semblait retrouver ensuite son cours normal. Le boulot était tumultueux, mais rien de plus que la routine dans mon cas. Alors que j’étais tranquille depuis plusieurs années, je faisais la rencontre de William Anderson aux urgences. Le pauvre homme à la chevelure poivre et sel me faisait complètement craquer au premier regard. Il avait eu un petit accident avec un client qu’il me disait. Je ne posais pas plus de questions que ça. Je me contentais de lui changer les idées en prenant soin (un peu trop) de lui. Il m’invitait à prendre un café pour me remercier et au final … Nous ne nous sommes plus jamais vraiment quittés. Un coup de foudre sans le vouloir qui me rendait heureuse comme jamais.
Pour la première fois de ma vie, j’envisageais réellement une relation sérieuse et complète avec un homme. J’avais bien conscience de notre différence d’âge, mais cela n’avait pas la moindre importance à mes yeux. Je me sentais unique et j’avais envie de passer du temps dans notre maison contrairement à avant. Sa demande en mariage fut une surprise et je l’acceptais avec un immense bonheur. Ce ne fut pas un gros et grand mariage. Une cérémonie simple et intime comme je le souhaitais. Je n’avais d' yeux que pour lui ce jour-là. Rien ne pourrait nous arriver de mal non ?
Notre lune de miel et le voyage de noces furent un déclic complet. Nous tombions en amour avec Honolulu. Cet endroit paradisiaque et chaleureux qui nous emplissait de rêve. Nous avons donc décidé de tout balancer en Californie et venir nous établir ici dans ce monde plus tropical. Il faut dire qu’avec son travail comme détective privé, il avait une excellente réputation et ce n’était pas un problème. De mon côté, mon curriculum vitae parlait pour moi avec mon expérience comme infirmière-chef aux urgences et en traumatologie. Le genre de département où personne ne veut réellement bosser, mais qui me passionnait toujours autant. Notre déménagement avait eu lieu il y a deux ans. L’année suivante, je tombais enceinte de William, mais malheureusement, j’ai perdu le bébé après onze semaines de grossesse. J’ai eu beaucoup de mal à me remettre de cette perte. Nous avions donc convenu de retenter le coup lorsque j’irais mieux. Le support de mon mari avait été sans faille à cette époque. Son soutien me faisait un bien fou, car j’en avais besoin. Je restais une femme fragile au fond. Une femme remplie de douceur qui ne ferait pas de mal à une mouche.
Il y a deux semaines, j’ai senti que j’étais épuisée et complètement vidée. La preuve étant que j’en avais fait un malaise sur mon lieu de travail. William avait été rapidement avisé et était venu me rejoindre aux urgences. C’est là que nous avions appris que je portais un autre bébé. Une surprise de taille alors que nous n’étions pas encore dans l’état d’esprit de faire un autre enfant complètement. J’étais heureuse bien sûr, c’était une belle surprise. Je tenais cependant à continuer à travailler au grand désespoir de William. J’avais pris seulement quelques jours de congé. Aujourd’hui, je suis enceinte de huit semaines et je suis morte de peur à l’idée de reperdre un autre bébé. Je me demande même si c’est une bonne idée de continuer à bosser dans mon service. Il faut dire que je pourrais rester à la maison sans le moindre souci également … Que de questionnement sans réponse, mais notre amour restait toujours aussi fort et puissant.